Comparaison des comportements de paiement : La morale de paiement va-t-elle bientôt baisser encore plus en Suisse ?
Qu'est-ce qui rend la survie des entreprises locales encore plus difficile ? Le rapport national suisse, publié le 11 juin en même temps que le European Payment Report 2019, donne des réponses claires à ces questions et à bien d'autres. Intrum, l'éditeur de l'étude, a interrogé plus de 11'856 entreprises dans 29 pays européens pour l'édition de cette année.
La politique européenne bouge. La Suisse, qui est au cœur de l'actualité mais n'y participe que partiellement, n'est pas épargnée. En effet, les liens économiques de ses entreprises avec la zone euro sont étroits, ses partenaires commerciaux importants et ses dépendances importantes. Après avoir été confiantes l'année dernière, les entreprises suisses sont de plus en plus sceptiques quant à la force future de l'Europe. Le pessimisme s'installe en raison de l'affaiblissement de l'économie européenne et des pronostics conjoncturels inférieurs à la moyenne pour la Suisse. C'est ce que montre l'analyse par pays de l'actuel European Payment Report, réalisée par Intrum AG.
Crainte d'un ralentissement économique
Près d'un tiers des personnes interrogées craignent un ralentissement économique au cours des deux prochaines années ou sont convaincues que la Suisse se trouve déjà en récession. Avec 27% - contre seulement 7% l'année précédente - les entreprises suisses sont nettement plus nombreuses à s'attendre à un risque de débiteurs bientôt encore plus élevé. Aujourd'hui déjà, elles amortissent chaque année près de 4 % de leur chiffre d'affaires en raison de pertes sur débiteurs, ce qui est nettement plus élevé que la moyenne de leurs concurrents européens. Seules 6 % des entreprises interrogées croient encore à la réduction de leurs pertes sur débiteurs dans un avenir proche. "De nombreuses entreprises anticipent déjà et prennent des mesures préventives pour se préparer à un éventuel ralentissement économique", constate Thomas Hutter, Managing Director d'Intrum AG. "De telles mesures, comme par exemple la réduction proactive du risque d'impayés, peuvent être prises à tout moment et ont un effet immédiat sur le résultat d'exploitation. En outre, la marge de manœuvre financière de l'entreprise et sa résistance au stress dans un environnement économique exigeant s'en trouvent accrues".
Les payeurs de spa : complices des pénuries de liquidités et de l'insolvabilité
Pour 71% des entreprises suisses, la gestion est problématique lorsque les débiteurs ne paient leurs factures qu'après la date d'échéance. Là aussi, la Suisse se situe nettement au-dessus de la moyenne européenne de 51 %. Les délais de paiement partiellement réduits au cours des dernières années n'ont toutefois eu qu'un effet limité comme antidote. La patience des créanciers est toujours mise à rude épreuve. Les paiements des clients privés arrivent en général avec environ 4 jours de retard, les clients professionnels se permettent même un retard de 7 jours. Les factures du secteur public sont réglées bien au-delà du délai de paiement : au lieu de 31 jours, il faut attendre en moyenne 42 jours pour les recevoir.
Par rapport à l'usage européen, les entreprises suisses fixent aux particuliers des délais de paiement plus longs, ce qui se répercute sur la durée jusqu'à la réception effective du paiement. En revanche, les délais de paiement accordés aux entreprises et aux pouvoirs publics sont plus courts : Ces factures doivent être réglées plus rapidement qu'en Europe.
Indépendamment des délais de paiement plus ou moins longs, les habitudes de paiement sont loin d'être bonnes. Les raisons en sont les difficultés financières des débiteurs, mais aussi les retards intentionnels ou l'inattention. Un bon quart des personnes interrogées se plaignent d'un manque de liquidités et d'une baisse de leur chiffre d'affaires. 21 % voient leur croissance entravée par des retards de paiement et 14 % voient même leur existence menacée. Les entreprises suisses ont de plus en plus souvent recours à des mesures de précaution pour éviter les défauts de paiement : Le paiement anticipé arrive en tête (55%), suivi par les contrôles de solvabilité (42%) et le recouvrement de leurs créances (28%).
Avenir : sans argent liquide mais avec beaucoup de risques sur le net
Ce n'est pas seulement dans le futur, mais déjà aujourd'hui que de nombreux domaines et secteurs ont numérisé leurs processus. Les méthodes de paiement numériques se sont établies depuis longtemps. 48 pour cent des entreprises interrogées pensent que nous vivrons dans une société sans argent liquide dans dix ans au plus tard. Avec cette estimation, la Suisse se situe exactement dans la moyenne européenne. Bien que beaucoup voient aussi les avantages de la numérisation pour leur entreprise - notamment dans l'augmentation de l'efficacité des processus de paiement et de la comptabilité - elles s'inquiètent de l'augmentation des cyberattaques. Près des deux tiers (63%) sont d'avis que la poursuite de l'augmentation des paiements sans numéraire entraînera une augmentation des risques de cyber-attaques. Dans le domaine du commerce en ligne, qui prend une dimension de plus en plus importante, la vérification numérique de l'identité de la clientèle permet de réduire les risques des fournisseurs ou d'augmenter considérablement leur sécurité.
Source : Intrum AG