La bombe à retardement de l'empreinte numérique
Le fait de ne pas connaître sa propre empreinte numérique comporte des risques pour sa carrière, car les employeurs s'intéressent de plus en plus à ces données. En même temps, l'utilisation consciente de telles informations offre des chances de se présenter sous un jour positif, par exemple lors de la recherche d'un emploi. Selon une étude récente de XING, les risques et les opportunités sont tous deux sous-estimés.
Seules 6% des femmes interrogées déclarent contrôler leur empreinte numérique.
Seule une personne sur dix en Suisse alémanique vérifie régulièrement ce que l'on peut trouver sur Internet à son sujet. Pourtant, près d'une personne sur trois a déjà découvert des contenus indésirables à son sujet. Risqué : une personne de moins de 30 ans sur quatre publie des contenus privés sur les réseaux en ligne, comme des photos osées que l'employeur n'a pas le droit de voir. C'est ce que montre une étude représentative commandée par le réseau professionnel en ligne XING.
Les informations personnelles disponibles sur Internet influencent de plus en plus de domaines de la vie. Qu'il s'agisse du futur employeur qui, avant d'embaucher un candidat, scrute son profil sur les médias sociaux à la recherche de contenus compromettants, de la nouvelle connaissance qui se procure des informations de fond en ligne avant le deuxième rendez-vous ou du voisin qui, au lieu de bavarder dans la cage d'escalier, préfère faire plus ample connaissance avec son interlocuteur de manière non contraignante en utilisant Google.
Pas de doute : notre empreinte numérique, comme on appelle aussi la somme de ces informations, gagne en importance.
Une utilisation consciente de l'information peut créer de nouvelles opportunités dans la vie professionnelle. Voici les principaux résultats de l'étude représentative réalisée par l'entreprise de sondage d'opinion Marketagent.com AG pour le compte de XING :
Différents motifs
Même pas 10% des Suisses alémaniques vérifient régulièrement leur empreinte numérique, par exemple en recherchant leur propre nom dans Google. 50% déclarent vérifier rarement leurs informations, lorsqu'ils y pensent par hasard. 24% n'ont vérifié leur empreinte numérique qu'une seule fois et 17% ne se sont jamais souciés de savoir quelles informations les concernant étaient publiquement disponibles sur Internet.
Dans l'ensemble, les hommes sont plus soucieux de leur image virtuelle. 13% d'entre eux déclarent rechercher régulièrement des informations sur leur propre personne sur Internet. Chez les femmes, ce chiffre n'est que de 6%.
Contenu indésirable
Les raisons de vérifier régulièrement les informations que nous laissons sur la toile ne manquent pas. 30% des personnes interrogées ont déjà trouvé des informations qu'elles auraient préféré ne pas voir apparaître publiquement sur Internet. Les 70% restants incluent bien entendu toutes les personnes qui n'ont pas cherché du tout.
Ceux qui ont trouvé ce qu'ils cherchaient étaient surtout contrariés par des données personnelles qui n'étaient plus valables et des profils de médias sociaux obsolètes, suivis par des contenus publiés sans autorisation.
Assis sur une "bombe à retardement numérique
26% des personnes interrogées dans le groupe d'âge de 29 ans et moins ont déclaré avoir déjà partagé en ligne, dans leur environnement privé, des contenus que leur employeur ne peut pas voir. Les péchés les plus fréquents : des photos trop dénudées, des images avec des personnes avec lesquelles on préférerait ne pas être associé professionnellement et des photos sur lesquelles on a visiblement bu trop profondément. Les groupes d'âge plus élevés jouent davantage la carte de la sécurité et publient moins souvent des contenus qui pourraient poser problème par la suite.
De plus, les femmes sont globalement plus prudentes que les hommes lorsqu'il s'agit de contenus sensibles. Parmi elles, 90% s'abstiennent de tout contenu susceptible d'offenser l'employeur. Chez les hommes, ce chiffre n'est que de 77% au total.
Conclusion : les Suisses méconnaissent l'importance de leur empreinte numérique pour leur carrière
Deux tiers des Suisses alémaniques (66%) ne pensent pas que leurs activités sur les réseaux en ligne influencent leur carrière professionnelle. Une idée fausse, mettent en garde les experts. Danica Ravaioli, responsable des ressources humaines chez Adecco Suisse : "Les informations disponibles publiquement sur Internet font partie de l'image globale que nous avons des nouveaux collaborateurs potentiels. Il ne s'agit même pas en premier lieu d'éventuels contenus négatifs, mais plutôt de la chance de se démarquer des autres candidats grâce à des profils en ligne intéressants et à une empreinte numérique globalement positive".
Selon Stefan Poth, Managing Director smart.heads et professeur de Personal Branding à la Haute école d'économie de Zurich (HWZ), ce sont précisément ces opportunités qui sont encore trop peu saisies :
"Il vaut la peine de soigner son profil sur les réseaux professionnels en ligne. C'est justement dans la recherche directe de candidats, la chasse de têtes, que l'on fait de plus en plus de recherches sur les réseaux numériques et c'est là qu'un profil actuel et attrayant est décisif. Les résultats de l'enquête m'étonnent donc. Il y a manifestement un écart entre la pertinence perçue et observable dans la pratique de l'empreinte numérique pour la recherche d'emploi".
Cet écart de perception serait particulièrement important chez les femmes interrogées. 75% ne croient pas à l'influence de leurs activités sur les réseaux en ligne sur leur propre carrière.