Les possibilités de travail à temps partiel dans les professions typiquement masculines restent limitées

Les PME sont favorables au travail à temps partiel, mais le taux d'occupation minimum requis est de 80 pour cent dans de nombreuses entreprises. Cela complique la réinsertion des femmes dans la vie professionnelle. Et la semaine de quatre jours est de plus en plus contestée, notamment parce que les PME ont des idées complètement différentes sur son organisation.

Une nouvelle étude montre que le travail à temps partiel a encore du mal à s'imposer dans les métiers dits "typiquement masculins", comme l'artisanat. (Image : Shutterstock / AXA Suisse)

En raison de l'évolution démographique, le marché du travail est en pleine mutation : pour la première fois, le nombre de travailleurs partant à la retraite est supérieur à celui des nouveaux arrivants sur le marché du travail - les employeurs sont donc confrontés à un marché du travail de plus en plus asséché. Le bouleversement du marché du travail ne concerne toutefois pas seulement le nombre de travailleurs, mais aussi leurs attentes et leurs exigences. C'est précisément parce que le rapport de force se déplace en faveur des travailleurs en raison de la pénurie de main-d'œuvre que leurs besoins gagnent en importance.

Le travail à temps partiel est une tendance importante et très discutée. En principe, les PME suisses sont favorables au travail à temps partiel. C'est ce que montrent les résultats de la dernière étude sur le marché du travail des PME qu'AXA a réalisée cette année pour la deuxième fois avec l'institut de recherche Sotomo : Seule une entreprise sur dix environ ne voit pas l'intérêt d'un emploi à 80% par rapport à un emploi à temps plein. En ces temps de pénurie de main-d'œuvre qualifiée, la question de savoir si l'économie suisse peut se permettre de travailler à temps partiel se pose certes de plus en plus d'un point de vue économique - mais le fait est que le taux d'occupation souhaité par les Suisses, toutes catégories d'âge confondues, se situe dans le domaine du temps partiel.

Limite inférieure élevée en termes de temps de travail minimum pour les petites PME

Le problème : tous les temps partiels ne se ressemblent pas. "Dans le débat sur le travail à temps partiel, on parle souvent de manière générale du travail à temps partiel en général. Mais concrètement, il y a une grande différence entre un travail à temps partiel à 40 ou à 80%", explique Michael Hermann, responsable de Sotomo. Pour l'étude du marché du travail des PME d'AXA Suisse, on a donc demandé aux entreprises quel devait être le taux d'occupation pour que les collaborateurs puissent remplir pleinement leurs tâches et leurs obligations. Les résultats de l'étude le montrent : La limite inférieure se situe à un taux d'occupation moyen de 80% pour les petites PME de 5 à 9 collaborateurs, ce qui est nettement plus élevé que pour les moyennes et grandes PME, pour lesquelles un taux d'occupation moyen de 60% suffit également.

Mesures visant à réduire le déséquilibre entre les sexes. (Graphique : AXA Suisse)

C'est dans les branches à forte proportion de femmes, comme le commerce de détail, l'éducation, la santé et le social, que le taux d'occupation minimal est le plus bas (50 %). "La répartition persistante des rôles dans les tâches ménagères et éducatives a pour conséquence que le travail à temps partiel est répandu et institutionnalisé dans les professions typiquement féminines, alors que les possibilités de travail à temps partiel dans les professions typiquement masculines restent limitées. On peut donc se demander dans quelle mesure la possibilité de travailler à temps partiel est liée à l'activité en elle-même et dans quelle mesure elle est liée à la persistance des modèles de rôles", explique Hermann.

Ne pas sous-estimer l'influence des représentations sociales

43% des PME interrogées ont justifié le taux d'occupation minimal qui prévaut chez elles par un travail de coordination et de planification plus important qu'un taux d'occupation plus faible. En deuxième position, les personnes interrogées ont cité les attentes de la clientèle quant au temps de présence des collaborateurs (41 %). Seul un bon tiers (35 %) justifie le taux d'occupation minimal par le fait que le travail en soi exige un certain temps de présence. Alors que l'augmentation du travail de coordination et de planification est évidente pour les taux d'occupation faibles, les temps de présence exigés par la clientèle ont beaucoup à voir avec les représentations sociales. Dans les entreprises et les branches où le taux d'occupation minimal est élevé, la question se pose donc également de savoir si cela est dû au travail lui-même ou à des représentations sociales sur la manière d'exercer un certain métier.

Compréhension de la semaine de quatre jours. (Graphique : AXA Suisse)

La semaine de quatre jours reçoit un vent contraire

Le travail à 80% est donc aujourd'hui largement accepté. Par rapport à l'enquête de l'année précédente, le scepticisme à l'égard d'une semaine légale de quatre jours a toutefois augmenté : Alors qu'en 2022, 39% des personnes interrogées jugeaient positivement l'introduction d'une semaine générale de quatre jours, cette proportion est tombée à moins d'un tiers en 2023 (31 %). "Le recul de l'approbation est probablement lié au fait que la semaine de quatre jours est devenue un sujet médiatique l'année dernière. Ce débat a manifestement alimenté le scepticisme parmi les PME", estime Michael Hermann.

Les résultats de l'étude montrent en outre que les PME suisses ont des idées très différentes sur la signification même de l'introduction de la semaine de quatre jours. Seule une minorité des personnes interrogées, à savoir 39 pour cent, entend par là la réduction du temps de travail avec un salaire inchangé (modèle de compensation salariale). 32 pour cent des personnes interrogées partent du principe qu'une semaine de quatre jours signifie que le même nombre d'heures qu'aujourd'hui sera effectué en quatre jours au lieu de cinq (modèle du transfert du temps de travail). Un autre 30 pour cent part certes de l'hypothèse d'une réduction du nombre d'heures par semaine, mais avec une réduction simultanée du salaire (modèle compensation du temps de travail).

Chez la partie des personnes interrogées qui est favorable à la semaine de quatre jours, l'idée de celle-ci coïncide plus souvent avec le modèle de compensation salariale que chez les sceptiques. 55 pour cent de ceux qui se prononcent en faveur de la semaine de quatre jours entendent par là une réduction du temps de travail avec un salaire inchangé. Mais au total, seuls 17 pour cent se prononcent en faveur d'une semaine de quatre jours avec un salaire inchangé. "Les emplois à 80% sont aujourd'hui largement acceptés. En revanche, rares sont les PME qui souhaitent s'engager dans une semaine légale de quatre jours, qui plus est avec compensation salariale", explique Michael Hermann.

Seule une minorité met en œuvre des mesures concrètes pour la promotion des femmes

Une stratégie très discutée pour faire face à la pénurie de main-d'œuvre est d'augmenter la participation des femmes au marché du travail. En effet, ce sont généralement les femmes qui continuent à assumer une plus grande partie des tâches ménagères et éducatives et qui réduisent donc leur taux d'occupation. Or, l'économie suisse aurait besoin que les femmes travaillent à des taux plus élevés.

Les résultats de l'étude montrent que 70 pour cent des entreprises interrogées qui connaissent des inégalités entre les sexes essaient certes d'y remédier. Mais seules quelques PME prennent des mesures ciblées : Les mesures les plus répandues sont les horaires de travail flexibles (36 %) et le fait de permettre le travail à temps partiel et le partage de poste (29 %). Ces deux mesures centrales pour mieux concilier les obligations familiales et professionnelles ne sont donc prises que par environ un tiers des PME, même si elles reconnaissent des déficits en matière d'égalité des sexes. Les mesures ciblées telles que la prise en compte du sexe lors du recrutement (18 %) ou les programmes de promotion ciblés (10 %) sont encore plus rares.

Certes, ces mesures permettent aux travailleurs de concilier plus facilement leurs obligations familiales et professionnelles et augmentent ainsi le taux d'emploi des femmes. Mais en se concentrant sur les temps partiels réduits, elles favorisent en même temps une participation globalement plus faible des femmes au marché du travail. "Les deux dernières mesures en particulier pourraient contribuer de manière importante à ce que les femmes ne soient pas seulement plus souvent employées, mais fassent aussi plus souvent carrière et travaillent à des taux plus élevés", explique Michael Hermann.

Source : AXA Suisse

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